Lettre ouverte à celle qui pense que son enfant bouge trop pour une séance photo

(et à celle qui se demande si c’est une bonne idée, parce que franchement… elle est déjà au bout de sa vie rien qu’à y penser)

Tu m’as dit ça l’air de rien, avec cette petite grimace mi-sourire mi-coupable que je connais par cœur :
"Je crois que c’est pas une bonne idée… Mon enfant tient pas en place, il grimpe partout, il crie, il court, il écoute rien… ça va être l’enfer pour toi."

Et j’ai eu envie de te serrer fort.

Pas juste de te dire que ça ira. Pas juste de te rassurer. Mais de te dire : je te comprends. Vraiment. Pas en mode "je compatis". En mode je suis passée par là, encore hier.

Parce que moi aussi, j’ai une enfant qui me retourne la tête. Une petite boule d’énergie de trois ans et demi, avec des yeux qui brillent et des jambes qui courent plus vite que ma patience. Elle parle fort. Elle bouge tout le temps. Elle fait tout en grand. Et moi, je l’aime à en crever mais putain, qu’est-ce que c’est intense.

Il y a des jours où j’ai envie de la bouffer de bisous. Et des soirs où je compte les heures avant qu’elle dorme. Y a des moments où je me dis "quelle chance j’ai" et d’autres où je me planque dans la salle de bain pour pleurer sans bruit.

Alors ouais, je sais ce que c’est d’avoir un enfant qui "bouge trop". Et je sais surtout ce que ça veut dire derrière :
que t’es fatiguée.
que t’anticipes déjà les remarques, les regards.
que t’as pas envie de passer une séance à t’excuser.
que t’as peur que ton enfant dérange, et que toi, t’aies pas la force de faire tampon.

Et j’ai envie de te dire un truc simple, sans paillettes : Tu n’as rien à prouver. Rien à cacher. Rien à justifier.

Ton enfant n’est pas “trop”. Ton enfant est vivant. Et ça, c’est pas un problème. C’est un cadeau. Même si parfois, c’est un cadeau qui vient sans notice et qui fait du bruit.

Moi, je ne viens pas photographier une mise en scène. Je viens photographier une vie.

Je viens pour ce moment où il court vers toi à toute vitesse et te fonce dans le ventre en criant “Maman !!!”

Pour celui où il râle parce qu’il veut pas mettre ses chaussures. Pour les grimaces, les câlins à moitié faits, les éclats de rire à contretemps.
Pour les miettes dans le canapé, la couche qui déborde, le t-shirt taché au bout de dix minutes.
Pour ce que toi, tu vis au quotidien.

Ce que t’oses pas toujours montrer. Ce que t’aimerais parfois fuir et que tu regrettes déjà une fois que c’est passé.

Je veux pas que tu me donnes une version de ta famille qui rentre dans les cases. Je veux que tu viennes comme tu es. Crevée, en retard, en vrac. Avec tes enfants fous de vie. Et si t’as envie de me dire “j’en peux plus aujourd’hui”, tu peux. Je te jugerai pas. Je te comprendrai.

Et si tu veux t’asseoir deux secondes et ne plus rien gérer, tu peux aussi. Moi, je suis là. J’ai les yeux grands ouverts. Je saurai quoi garder, même (et surtout) quand toi, t’en peux plus.

Parce que ce que tu crois être du chaos, c’est souvent là que ça se passe. Dans ce désordre vivant. Ce bazar sacré. C’est là qu’on aime. C’est là qu’on vit. C’est là qu’on se souvient.

Et dans dix ans, tu chercheras pas la photo où ils sont tous bien coiffés. Tu chercheras celle où il te regarde avec ses yeux d’enfant fou. Celle où tu le tiens, où tu ris, où tu cries peut-être, mais où tu es là. Entière. Aimante. Présente.

C’est cette trace-là que je veux te laisser. Celle que t’auras pas su prendre toi-même parce que t’étais en train de tout vivre. Alors si un jour t’as envie. Même si t’as peur. Même si t’es pas sûre. Tu m’écris.

Et on verra ensemble comment rendre le bordel… inoubliable.

Avec tout mon cœur de maman et d’humaine,

Thia
(photographe de la vraie vie, et experte en enfants qui tiennent pas en place)

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